Marchés / voix des villes, pour 12 voix mixtes a capella, sur un texte d’Alain Roger, est une commande de Densité 93, créée par l’ensemble Soli-Tutti, dirigé par Denis Gautheyrie le vendredi 19 mars 2010 à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis).

Cette pièce s’inscrit dans la tradition des « Cris de Paris » de Clément Janequin, avec une orientation un peu différente : livrer un portrait sonore en creux de la ville moderne à travers ses marchés. Elle dure une vingtaine de minutes.

La première partie « lever de ville » s’ouvre sur le portrait d’une ville personnifiée, encore endormie, dans le froid d’un matin d’hiver, et perdue dans ses rêves d’évocation de cités imaginaires. La ville s’anime peu à peu lors de son réveil, jusqu’au brouhaha qui signale l’installation du marché, avec le « ballet » des camelots sur un refrain entraînant. Mais c’est l’occasion d’un parallèle entre deux composantes sociales (les citadins sédentaires et les marchands ambulants), qui tourne au dialogue de sourd. Le marché apparaît comme une mascarade, où le badaud assiste à un lever de rideau.

La deuxième partie « déambulations » présente le marché sous un angle dynamique : un refrain proche des musiques populaires entraîne l’acheteur d’un étal à l’autre. Apparaissent d’abord poivrons, melons, pastèques, pommes et agrumes, chantés par des voix de femmes comme autant d’astres ; puis c’est le tour du bar, de la sole, du thon et de la plie, des poissons frais, ensuite une valse des viandes caustique. Enfin la route des épices entraîne toutes les voix vers des ambiances des Caraïbes et du Maghreb.

L’œuvre se clôt sur la troisième partie « Désinstallation » : au fur et à mesure du démontage du marché sont évoqués au travers d’un refrain varié cinq aspects des villes qui lui sont intimement liés : les rumeurs de la ville, la précarité de ses installations, son caractère nomade, ses rêves et ses parfums. Chaque couplet est l’occasion de citer des éléments déjà entendus dans les parties précédentes en rapport avec ces aspects.