L’œuvre, commencée en 2014 et terminée en 2016, a été composée à partir de deux œuvres solistes préexistantes, ce qui explique la superposition de deux discours : le saxophone développe un mélisme de nature modal (issu d’une pièce pour instrument à vent sur le thème de l’envol) et le clavier présente une structure harmonique et rythmique contraignante (à partir d’une pièce pour marimba sur le thème du labyrinthe).

Il en existe a deux versions : une pour saxophone soprano et piano et l’autre pour saxophone soprano et deux claviers (marimba et vibraphone) joués simultanément.

Le titre choisi renvoie au mythe antique, présenté dans les Métamorphoses d’Ovide, et qui peut se lire comme le mythe masculin de l’artiste, à la fois par la figure d’Icare et son envie d’envol, son devenir-animal, son vertige et par celle de Dédale avec sa quête labyrinthique et sa représentation de la loi paternelle.

L’œuvre est en trois parties enchainées.

Dans la première partie, le clavier impose un motif rythmique répétitif sur un intervalle de tierce majeure : cette figure omniprésente, et dont le tempo varie à chaque apparition, se répand dans l’ensemble des registres jusqu’à contaminer les autres figures musicales : des nappes sonores dans le grave et des scintillements ou des irisations dans l’aigu. C’est sur cette figure rythmique implacable que le saxophone fait entendre de façon sporadique des fragments de mélopée modale. Les variations incessantes de tempo donnent, au-delà de l’affirmation d’une pulsation constante, une sensation de fluctuation.

Dans la deuxième partie, le saxophone occupe le premier plan sur un accompagnement obsédant de la partie de clavier, qui en vient à saturer progressivement le discours.
Les figures du saxophone donnent une sensation de vertige avec des changements constants d’octave et l’impression d’un bouillonnement incessant en revenant constamment sur les mêmes notes.

Dans la troisième partie, le saxophone enchaine de façon volontairement imagée des fusées avant un climax final en forme de grande descente pour aboutir sur un flottement imperceptible, tandis que le piano livre un commentaire par des gestes illustratifs (glissandi, harmoniques…).

Le duo est dédié à Sandrine Faucher-Matheron et Laurent Matheron qui en assurent la création au 18ème congrès mondial du saxophone de Zagreb en juillet 2018.